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Affichage des articles du avril, 2009

Intermède

Changeons un peu de sujet. J'ai passé une journée délicieuse dimanche dernier, dans le silence ensoleillé de ma chambre à Muyange. C'était la première fois que j'étais vraiment seul, le premier regroupement IFADEM s'étant terminé la veille. Et mine de rien, ça fait aussi du bien d'être seul, d'avoir un peu le loisir de revenir sur tous ces événements, passés, présents. J'ai lu. J'ai fini un livre, dont je parlerai sans doute ici, sur ce qui s'est passé pas très loin. Une lumière obscure qui n'en éclaire pas moins une partie du contexte où je vis, mais que l'actualité tend à rendre moins visible aujourd'hui. Mon journal ouvert en décembre 2007. Aragon aussi, et la notice des Yeux d'Elsa qui permet d'en comprendre le contexte, encore une fois, dans lequel est née la renaissance de son écriture poétique et la naissance d'un chant national, depuis Le Crève-coeur . La force du poème éponyme... La Nuit de Dunkerque, Plus belle que

Petits arrangements entre amis

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Me voici revenu à la ville et à mes premières amours, le Céprodilic. Étrange contradiction des phénomènes d'acclimatation... On ne prend réellement conscience du changement qu'en se confrontant à nouveau au même, à intervalle différent. Revenir à Bujumbura, après deux semaines passées dans les montagnes de Kayanza, a eu pour effet de me faire revivre, à contrario, la timidité des premiers jours. Timidité que j'évoquais déjà alors, dans le pas indécis qui se hasarde sans but à rencontrer une direction nouvelle, mais dont j'ai pris pleinement conscience maintenant que je déambule sans souci dans les rues de jour comme de nuit. Mais comme les villes sont folles quand on quitte la campagne ! Je n'ai pas passé une journée ici que déjà j'ai envie de retrouver les vertes déclinaisons des collines, l'odeur des vaches et des poules, le calme de Muyange et le sourire des bonnes soeurs... Et pourtant, déjà demain peut-être, la ville m'aura rendu l'enveloppe du

L'arrivée des tambourinaires

En attendant les tambourinaires...

Inauguration de l'espace IFADEM, Kayanza, 3 avril 2009

Quand y'a des fruits, y'a pas d'omelette

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Kayanza est située à 1h30 de Bujumbura, à 20 kms de la frontière rwandaise. Plus qu'une ville, c'est un virage dans la montagne, autour duquel se sont construites des maisons, puis des commerces. Mais c'est surtout la croisée de deux routes, dont l'une va vers le Rwanda et l'Uganda et l'autre vers la Tanzanie. Kayanza est un carrefour. Le Lycée Pédagogique, où se déroule IFADEM , se trouve en haut d'une colline, à 3 kms de la ville. Alors qu'en bas il n'y a disons... pas grand chose, là-haut il n'y a... rien, un rien sonore, comme la raclure d'une gorge qui éructe dans une tempête de sable... "Mais la campagne est belle", m'a dit, avec raison, Pierre-Jean Loiret, directeur délégué du programme innovation par les Technologies de l'Information et de la Communication à l'AUF... Oui... La campagne est très jolie. Seulement voilà, l'idée que je m'étais faite de l'endroit où j'allais passé les deux prochains m

Pendant ce temps, Thaë...

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De l'inégalité des sexes

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En feuilletant un guide à l'usage des maîtres aujourd'hui, je suis tombé sur l'extrait d'un article de la revue Notre Librairie dans lequel les journalistes ont demandé à des hommes, au Bénin, au Cameroun et au Togo s'ils estimaient juste que la femme devienne leur égale... Alors que chez nous il est politiquement incorrect de mettre cette égalité en question, et qu'il faut bien peser ses mots si on ose dire le contraire, au risque de se voir taxer de machisme si l'on avance l'hypothèse que, souvent, à sacs égaux de ciments chargés sur le dos, un homme parcourt généralement une distance supérieure à celle de la femme, je trouve leurs réponses édifiantes sur l'équilibre persistant dans les sociétés plus traditionnelles que la nôtre, où les modèles, religieux ou autres, ont une influence que nous ne connaissons plus. Et même si, par nature, je ne peux me ranger à leur avis, il est en tout cas plus fondé, dans ce contexte particulier, que les aboiement

Pas si dur à cuire

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- Ca va ? - C'est bon. Mais dès que le soleil a dépassé les maisons : - Ca va ? - Ah ! Je suis fa-ti-gué ! (avec 3 "f" et un â bien gras comme dans pâtes) A Bujumbura, la chaleur est écrasante. Le blanc est bien faible en Afrique, il ressemble à une girafe dans un zoo, à un lapin sans ses oreilles, à un bobtail qu'on a tondu ; l'évidence que physiologiquement, son milieu naturel est ailleurs... Il lui manque le cuir, une épaisseur de peau, une épaisseur d'épaule, pour arriver sans trop souffrir à la fin de la journée... Dehors, immédiatement, j'ai l'impression d'être comme ces écorchés en mouvement croisés à l'exposition scientifico-sensationnelle " Our Body / à corps ouvert ", ou comme un gigot d'agneau sur la braise, pour ceux qui l'aurait manquée... Je rôtis littéralement sur place, et les moults couches de crème dont je m'enduis pour garder les chairs tendres ne servent à rien ; elles se mêlent irrémédiablement aux flo

Pendant ce temps, Thaë...

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Un mensonge répété mille fois devient une vérité

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Au matin du premier jour, en découvrant la ville, je ne peux déjà m'empêcher de me sentir floué, encore une fois, par le sensationnalisme de notre société qui a depuis longtemps délaissé la raison pour s'adresser au ventre. On a beau faire un effort pour se le redire, on est toujours plus ou moins piégé dans la glu d'illusion des images qui vous font prendre un (nécessairement) sinistre accident pour une triste généralité. Il en est ainsi de toutes les images que l'on nous montre sur l'Afrique, même si l'époque donne désormais au sensationnel des allures de reportages ou l'autorité de la réflexion. Tout ce qui m'a été donné de voir sur le Burundi avant mon départ avait trait aux terribles assassinats d'albinos, dont les membres transformés en différents élixirs ou amulettes de longévité, de bonne santé ou de durable bagatelle sont vendus par des sorciers... Ce n'est pas un article isolé sur lequel je serais tombé au hasard de mes recherches en p

CEPRODILIC

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À mon arrivée à Bujumbura, la nuit était tombée. En descendant de l'avion, j'ai retrouvé l'odeur humide de cette chaleur qui enveloppe le corps d'un seul coup; j'étais revenu du côté moite de l'équateur.. L'aéroport est joli. Petit, il étend ses quelques voûtes en ogives au milieu de la piste. Debout dans le hall principal, un peu étourdi encore par ce long voyage et par l'atmosphère nouvelle, je regardais les passagers se jeter dans les bras de ceux qui les attendaient. Les mains qui claquent, les sourires contagieux, les enfants, les longues embrassades et les pieds qui se soulèvent un peu du sol... Tiens, moi je ne savais même pas trop qui allait venir me chercher... Révocate, la directrice du Campus Numérique de Bujumbura, ou bien Jibril, un Camerounais, responsable des formation au CNF, que j'avais vus en visioconférence à l'AUF, mais dont je ne reconnaîtrais sans doute pas les visages ici... Le temps passant, les rires se sont faits plus ra