Les Yeux de mer
Les flots étaient houleux, alors que je partais, Mais le reflet des vagues sur tes cheveux défaits Rendait le vent rebelle de ce jour finissant Infiniment plus beau à mesure que mourait, Dans un dernier sursaut, la lumière d’argent De ton sourire inquiet. S’il eut fallu mourir, à cet instant précis, Je serais mort en paix. Mais le sort indécis Marque souvent le désir au fer du regret. Tu m’as dit : « Ne pars pas ! Rien ne t’attend là-bas. La mer vole les marins Et ne laisse à leur femme Qu’un vide désert infâme Où s’échoue le chagrin. » Et j’ai cueilli la perle qui roulait dans tes yeux, Aussi bleue que la mer qui m’emmenait loin d’eux. Personne ne peut sécher les larmes sur les vagues, Aucun serment, aucun murmure, aucune bague. A présent solitaire, dis, que me reste-t-il De ces moments passés à se croire immortels ? L’image de tes yeux dont je peuple mon île Sur les plages de silence d’un naufrage perpétuel. J’ai jeté l’encre sur tant de lettres Pour y fixer la peine, la perte. Et j’...