Donne moi l'ton !

"Quel est le bruit de cette ville ? l'odeur de cette ville ? le regard des gens ? la couleur dominante ? la perspective de l'horizon ?
Juste pour me donner un peu le ton..."
[Dine]

La réponse à ces questions joliement posées s'infuse au long des notes...

A vouloir donner une image trop fixe, on risque de les figer toutes, alors que rien ne sera jamais vraiment comme je le décris, ni comme vous vous l'imaginez, mais une image propre à chacun, avec un peu de tout ça à la fois.

C'est pas si anodin de parler de ça, parce que si on verra sur cette page peut-être plus de Shibuya Gals que de Salary Men, c'est simplement parce qu'elles sont quand même un peu plus rock 'n' roll...


Pourtant, si on peut voir les Salary Men partout, les Gals, elles, gravitent principalement au sein des frontières de leur royaume, entre Shibuya et Harajaku.





Il arrive toutefois qu'on en croise certaines à la dérive, pareilles à ces sirènes perdues sur une épave, à mille milles de leur lieu d'origine. Et leurs couleurs fluos sont comme le dernier chant de l'automne dans la nuit qui s'effeuille...

Sachant cela, évidemment, s'il s'agit de donner le ton, on va pas se gêner !

Quel est le bruit de cette ville ?

Ce n'est sans doute pas le calme de Venise, ni même quelque chose qui s'en rapproche...

Imaginez plutôt une pub télé toute en couleurs hystériques, ultra énergique, avec des filles en couettes qui sautent en hurlant les vertus de produits divers et toujours nouveaux : "yOupi ! c'est trop bon les ChocOo BOoN !", le tout sur fond de synthétiseur Playskool en mode avance rapide.

Vous avez la bande son ?

Multipliez-là par 6 en changeant juste le produit, la mélodie et la couleur du chouchou, placez-là en stéréo, à 20 mètres du sol, de chaque côté des écrans géants qui surplombent chaque grande place et vous avez à peu près le fond sonore des places des grands quartiers comme Shinjuku, Shibuya, Omote Sando, Harajuku, Ginza, etc.

Mais il faut encore ajouter le bruit des voitures, celui des gens qui hurlent pour se faire entendre, celui de ceux qui hurlent encore plus fort dans un mégaphone pour se faire entendre encore plus, et tous les tac-tac, bzit-bzit, bip-bip des magasins d'électroniques dont chacun a composé son propre jingle qui passe en bloucle entre deux annonces-promotionnelles-super-intéressantes. Sans oublier les piou-piou divers des magasins d'attrapes peluches, et tous ceux que vous pouvez vous amuser à rajouter...ça fait quand même un sacré bordel au final !

Mais...
Ne le redira-t-on jamais assez ?
Le Japon est un pays de contrastes...

Derrière cet enfer technicolor amusant se cache souvent le calme des rues oubliées. Il suffit de quitter la grande rue pour échapper, dans un contraste surprenant, à ce brouillard sonore qui vous rendait dingue quelques secondes auparavant. Là, les maisons ont perdu 40 étages, il fait sombre, on entend à peine le hoquet d'une machine à boisson dans le désert du soir...on voit même des chats passer parfois, et pas des aristochats ou des filles déguisées en lapin (ça compte pas), des vrais!

Parfois aussi, au coeur de la ville, il y a des forêts.

Des forêts d'arbres si vieux qu'on a peine à y croire...

Et des temples où d'un coup le bruit a honte, où le silence se fait frottement et où le temps s'oublie un moment...


L'odeur de cette ville ?

Hum...l'odeur...?
Alors, la plupart du temps, ça sent des trucs urbains, mais franchement, parfois... ça pue !
Ca pue comme Versailles, quand les rois décadents buvaient dans du crystal, mais déféquaient derrière les rideaux.
Ca pue comme une ville construite sur pilotis et qui grandit de ses ordures...
Ca pue comme le sol qui va soudain s'éventrer et vous montrer à quoi ça rime en fait la modernité...
Mais en même temps, ça ne dure jamais longtemps...


Le regard des gens ?

Oui, ben c'est pas l'Inde non plus !
Le regard des gens est...disons...inexistant ?
Evidemment j'exagère, mais bon, vous ne serez jamais pris d'une crise existentielle subite en croisant le regard d'un japonais par hasard dans la rue.
Une pulsion sexuelle à la rigueur, en passant, mais rien de bien transcendant...
Non, ici c'est un peu le royaume du mine de rien, quand même, dont l'exemple choc, certes, mais quand même frappant est qu'un cadavre est resté planté dans un pot de fleurs en face d'un grand magasin pendant deux semaines avant qu'on ne s'en inquiète... N'allez pas me demander ce qu'il faisait là, j'sais pas !
Bref, si vous avez la lèpre et que vous perdez un bras, personne n'osera faire attention de peur de vous mettre dans l'embarras... C'est un peu ça le respect à la japonaise, mais au moins, parfois, on se sent vraiment en paix!


La couleur dominante ?

La couleur dominante oscille entre toute les couleurs de l'arc-en-ciel, version 10-30 ans, et toutes les couleurs intemporelles du vermillon...


La perspective de l'horizon ?

Je m'étonne souvent de voir plus de ciel ici que je n'en voyais à Paris. Les immeubles ont beau s'en approcher bien plus, la ville à tant d'espace par rapport à notre capitale que l'on se sent beaucoup moins enfermé. Sans doute la mer proche, comme un mythe, bien qu'on ne la voit jamais aide à donner un sens de l'espace...

Une chose est sûre, en dépit des différents champs lexicaux de la frénésie, le rythme de vie au final est assez calme.
Cela tient sans doute à une certaine notion de respect de l'autre et à un sens certain de l'organisation.

Vous reprendrez bien un peu de thon ?

Posts les plus consultés de ce blog

Le Burundi en quelques mots

Le Kabuki