Le foot au Japon ou le bonheur de ne pas avoir (encore) perdu...

Le 18 juin dernier, le Japon affrontait la Croatie en seizièmes de finale de la Coupe du Monde 2006.

On était allé voir le match parce que la France allait jouer ensuite contre la Corée, et puis aussi parce qu'on s'était facilement laissé emporter par l'euphorie toute bleue des supporters nippons bien décidés à croire, c'est normal, qu'ils avaient leur chance dans cette compétition...

On ne savait pas où aller. Le quartier de Shibuya était littéralement noir de monde, mais le temps qu'on se retrouve tous à la gare, le match avait commencé, les rues s'étaient vidées et on n'avait donc plus personne à suivre.

On a finalement trouvé un endroit lugubre, sorte de boîte assez douteuse, qui passait le match sur des minis écrans géants en retransmettant le son à toutes berzingues sur les enceintes du club... Une rencontre sans grand intérêt qui s'est soldée, comme vous le savez, par un match nul, 0-0.

Pourquoi en parler alors puisque tout le monde a oublié ?

C'est qu'on a bien failli croire qu'on s'était trompé, soit dans les résultats du match, soit dans la temporalité même de la compétition car en sortant de notre grotte, hagards et à moitiés sourds, on a retouvé tous les supporters déchaînés qui avaient envahi le carrefour principal de Shibuya.


Le Japon avait gagné la coupe du monde !!!



Sans blague, si ça avait été le cas, il y aurait sans doute eu plus de monde, c'est vrai, mais je ne suis pas sûr qu'ils auraient faits plus de bruit... Tout le monde hurlait, tonnait du tambour, soufflait de la trompette; c'était cotillons, pétards et feux d'artifices... bref, un vrai bordel !

Nous, on s'est retrouvé en plein dedans, évidemment, alors on s'est fondu dans la foule pour scander in petto "nippon ! nippon !" emportés plus par une stupeur amusée que par une réelle solidarité nationale, quoiqu'aussi décidés que les autres à voir jusqu'où ça irait...



Un zigue est monté sur le toit de la station de métro pour enlever son pantalon avant que les flics, visiblement peu habitués à ce genre de situation, ne montent à leur tour le déloger. Ils hésitaient un peu à prendre l'air méchant, voyant bien que ces jeunes avaient juste envie de s'amuser, mais ils devaient bien faire quelque chose ! C'est le chaos qui s'installe ! C'est de la faute des étrangers ! On ne sait jamais, ils sont si calmes d'habitude nos jeunes... ils peuvent s'emporter, ça va dégénérer !! Décidemment, je crois bien que la plupart d'entre eux, à ce moment-là, aurait préféré être livreur de pizza ou un truc comme ça...



C'était très drôle en tout cas, parce qu'à la fin tout le monde hurlait dans des mégaphones des deux côtés, flics et supporters faces à faces, tous en bleu pour soutenir une même nation, mais ne jouant visiblement pas selon les mêmes règles... C'est dommage, ç'aurait fait un beau match au moins...

N'empêche que pendant que le Japon célébrait dans la liesse sa non-victoire, ou plutôt sa non-défaite, avec une candeur qui n'existe décidemment qu'ici, malgré le bruit, on aurait entendu un ange voler. Car au milieu de cette foule gentiment déchaînée, et bien que j'aie failli, quand même, manger du képi, on se sentait presque en sécurité... Imaginez la même situation à Paris, ce serait très vite beaucoup moins drôle, et d'ailleurs, on sait tous comment ça s'est terminé pour certains...

Décidemment ces Japonais, ils sont gentils même quand ils foot le bordel !

Shin-Okubo, quartier coréen, 6h00 du matin
à l'issue du match France-Corée

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