Léon Spilliaert

Une petite virée à Bruxelles au début de l'année pour revoir Gilles, un ami de longue date avec qui j'ai passé un an en Inde, Dine, qui avait fait la route spécialement pour nous malgré la fatigue, et l'exposition Spilliaert au Musée des Beaux-Arts.

Spilliaert est né à Ostende en 1881. S'il a notamment fréquenté les symbolistes, il a toujours su rester en marge des mouvements que vivait son époque pour poursuivre la représentation de ses propres visions. Sa peinture est empreinte tantôt d'une mélancolie lascive qu'il rapporte de ses errances le long des plages et des digues de la cité balnéaire...


Eric Satie - 4ème Gnossienne





...tantôt, quand vient la nuit, d'un aspect plus sombre des figures qui peuplent ses rêves et ses angoisses.








Les étendues sont vides, les perspectives nous perdent, et les rares personnages nous tournent le dos, réduits à la seule allégorie qu'ils personnifient : l'attente, l'ennui, le vertige ou l'aliénation du moi solitaire et éveillé dans un environnement endormi.

Si d'aucuns trouvent sa peinture triste, voire déprimante, je la trouve moi pleine de pudeur et d'élégance, mélancolique car introspective et fondamentalement poétique. Elle est la représentation d'un espace intérieur dont l'ennui et le besoin de créer trouvent écho dans le vide nocturne des espaces désertés, d'un cheminement bleu de nuit, calme et nécessairement solitaire.








Ses portraits me rappellent les visions tragiques et magistrales d'Alfred Kubin, son contemporain, telles qu'ils les dépeint dans ses illustrations, mais plus particulièrement dans ce livre extraordinaire l'Autre Côté, qui décrit l'Empire du Rêve, théâtre de fantasmagories échevelées, de métamorphoses hallucinées et de décompositions de toutes sortes, un empire au contrepoint même du rêve (Corti).


Cependant, alors que Kubin cherche à donner chair à ses fanstamagories, en créant notamment Le Cabinet des épouvantes, Spilliaert est plus pudique et n'évoque que des atmosphères préfèrant souvent ne pas donner de visage aux personnages qui composent ses toiles.

La mélancolie, semble nous dire Spilliaert, c'est aussi le plaisir et la douleur de se sentir vivant et seul dans la nuit, loin du bruit et du hoquet du monde.

L'exposition se termine le 2 février au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles.

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