Ca se passe comme ça... chez Watami

Il était temps de dire deux mots des Japonais soûls. Mais je n'aurais jamais cru faire ainsi un jour les frais de leus avaries cérébrales des soirs de fêtes...

Non, ce n'est pas un mythe... Les gens qui s'endorment dans leur vomis, qui ronflent dans le caniveau ; les gens que d'autres portent, ceux que l'on a laissé là, ceux qui ne savent plus où ils habitent, ceux qui se font réveiller au terminus d'une gare à 150 Kms de chez eux...

C'est un festival chaque soir, et surtout le week-end. Ils sont littéralement ivres morts. D'aucun disent que c'est parce que les Asiatiques n'ont pas le gène qui retient l'alcool ou quelque chose comme ça. Toujours est-il qu'ils sont incapables de s'arrêter avant qu'ils tombent. Et bien souvent c'est après un verre ou deux.


C'est pathétique de voir les jeunes femmes permanentées, qui pensaient sans doute séduire leur homme en mettant la petite robe qu'elles venaient d'acheter à Ginza, les yeux rouges, le maquillage en guerre et les cheveux collés par le vomis. C'est pathétique de voir ces gens seuls affalés sur un tas de frites à Shinjuku. Ils font partie des papiers gras. Si les autres sont partis, on les ramassera avec au petit matin...



Ces scènes se répètent, toujours les mêmes comme si c'était quelque chose qu'on était impatient de refaire.

L'alcoolisme est bien implanté au Japon, sans que personne ne le reconnaisse vraiment. C'est que boire ici est bien souvent une activité sociale avant tout. Un moment de liberté relative entre collègues, une spontanéité douteuse née des vapeurs de l'alcool, un nouveau coup de masse sur les émotions pour ne garder que la comédie...

On était parti loin, très loin de Tokyo cette fois, pour aller dire au revoir à David qui rentrait en Belgique après deux ans passés à l'université de Chiba. Il avait invité tous ses amis au Watami, un Izakaya pas cher pour se mettre à l'envers.

Il avait fallu marcher longtemps, mais j'avais aux pieds des chaussures toutes neuves dont j'étais très content... Des chaussures confortables qui permettent de marcher vite et loin... Cependant, une heure du matin, c'est un peu tard pour débuter une soirée et en arrivant au Watami, ne gisaient déjà plus autour de nous que des épaves... Un cimetière de baleines grasses toutes gonflées par l'alcool.


A notre table pourtant tout le monde tenait le coup, nos amis japonais ne s'étaient pas rués sur l'alcool comme les parents de Chihiro sur la nourriture, jusqu'à se transformer en porcs, lorsqu'ils découvrent les stands déserts de la fête fantôme.

4h30 au petit matin, nous étions les derniers à partir. Cela faisait longtemps que les autres clients s'étaient traînés dehors. Le Watami si bruyant quelques heures plus tôt était désormais désert...

Tout le monde cherche ses chaussures, moi aussi ; tout le monde titube un peu quand même pour les enfiler, mais pas moi, parce que moi je les cherche toujours... Je cherche partout, j'ouvre les casiers et je me souviens tout à coup de ce que m'avait un jour dit un ami : "Fais attention à tes chaussures dans ces endroits, parce que les Japonais, lorsqu'ils sont fins bourrés et qu'ils doivent partir, ils enfilent les premières pompes qu'ils trouvent..." Noooon !! Mes chaussures toutes neuves !!! J'entends déjà les rires autour de moi, je deviens rouge, et arrivé au dernier casier, je lâche l'affaire. J'enlève mes chaussettes et je m'en vais.

Ce matin là, je suis rentré à Tokyo pieds nus, la rage au ventre...


Le comble étant quand même qu'une fois de retour chez moi, en regardant les vidéos de la soirée, je me suis aperçu qu'alors que je filmais le jeune homme affalé à mes pieds en me disant "Uh uh ! ils font vraiment n'importe quoi ces Japonais !", il était en fait en train d'enfiler mes chaussures... Et moi j'ai filmé toute la scène, je leur ai fait un grand sourire et je suis reparti m'asseoir en riant...

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