Ici ça sent la mousse, L'oubli qui pousse… J'aime passer la porte verte Et partir à la découverte Des chemins oubliés Dont nous suivions le tracé. Le lierre a dévoré les lettres, La mathématique de nos cœurs, Qui se cachaient sous les fenêtres Où désormais poussent les fleurs. Je ne sais pas parler aux foules, Être la voix d’où les mots coulent Et collent à tes pas Comme des papiers gras. Je reste au bord du crépuscule À regarder passer l’avenir Comme une barque sur l’étang Dessine sur le temps Des révolutions minuscules. Je rêve d'endroits déserts D'où on verrait péter les bombes, Assis sur les cuves rondes, Rouillées par la misère Des terrains vagues. On oublierait nos âges À faire des mots des bagues Qu'on emmêlerait à nos images À ne plus savoir qu'en faire. À la fin rassasiés On laisserait à l’étreinte Un dernier baiser Comme une lumière éteinte, Étant sûr de se revoir Sur les étangs où viennent couler Les lentes couleurs du soir Aux parfums d'accidents...